Lazare Carnot d'après un témoin de sa vie et des documents nouveaux

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l'ennemi sur les glacis et de feux courbes détruisant ces rassemblements de troupes à bonne portée du feu. Carnot attachait une faible importance à la défense éloignée qui ne retarde l'ennemi que momentanément.

Ce système semble peut-être exclusif parce que les faubourgs des villes ont aujourd'hui leur protection assurée par la création des forts avancés. Cette remarque a été faite avec raison par le général Wauwermans, professeur de fortification à l'École de guerre de Bruxelles. Cependant, Carnot fit une application utile de ses combinaisons à Anvers. Il est curieux d’avoir sous les yeux le texte de ce système, exposé de la façon suivante à la page 513 de la première édition de son traité :

« On ne doit point démolir les faubourgs des places menacées d’un siège. Je les regarde comme des postes avancés qu'on peut défendre très longtemps et dont la prise, quand elle a lieu, ne conduit pas l'ennemi à quelque chose de bien important. En effet, quel mal peut faire à l'assiégé l'existence d’un faubourg? Je n'en vois pas d'autre que celui d'avancer de quelques jours l'ouverture de la tranchée et d’abréger un peu la marche des sapes, jusqu'à l'établissement de la troisième parallèle où commence la vraie défense de la place; tout le reste n’est qu'un préliminaire qui peut durer seulement trois ou quatre jours de plus ou de moins, pendant lesquels l’assiégeant ne perd personne. Je me demande si c’est là ce qui doit décider de la plus ou moins bonne défense de la place ?.. La vraie défense est la défense rapprochée, celle qui s'opère sur le glacis même, lorsque l'ennemi est sous le feu des pierriers et sous l'influence des coups de main à l'improviste et répétés à chaque moment. Alors, que feront quatre jours de plus ou de