Le Comité de salut public de la Convention nationale

LE COMITÉ ET LA DIPLOMATIE 299

condamnait plus à ne jamais traiter avec eux. — « La guerre défensive, la lutte pour l’existence, voilà tout ce qui nous restait du grand rêve de 1792 (1). »

Y

Arrivés à ce point, il est intéressant de rechercher par quel concours de circonstances la direction des relations extérieures était échue au Comité de salut public.

Depuis l’ouverture des États généraux, le ministère des affaires étrangères avait été successivement occupé par Montmorin, de Lessart, Damouriez, le marquis de Chambonas, le chevalier Bigot de Sainte-Croix, et après le 40 août, par le girondin Le Brun, qui le conserva jusqu’au 21 juin 1793. Après la chute de Montmorin, en novembre 1791, de Lessart ne resta que quatre moisau pouvoir, Dumouriez trois mois et leurs deux successeurs, Chambonas et Sainte-Croix, à peine un mois chacun. La destinée de ces ministres éphémères fut tragique : Montmorin périt dans les massacres de septembre; de Lessart se trouvait parmi les prisonniers d'Orléans qui furent égorgés à leur arrivée à Paris le 9 septembre 1792; Dumouriez et Sainte-Croix moururent en exil, Le Braun sur l'échafaud; enfin, le moins malheureux, le marquis de Chambonas, pour échapper à une accusation capitale, se réfugia à Londres, où il exerça la profession de bijoutier (2).

Sauf Montmorin et Le Brun, ces ministres étaient tout à fait médiocres. Les puissances étrangères, hostiles à la

(1) Dr Robinet, Danton homme d'Elat. (2) F. Masson, le Département des affaires élrangères pendant la Révolution.