Le drame serbe : octobre 1915 - mars 1916

L'AUTRE RETRAITE 191

poursuivants. À coup sûr, ces soldats ne venaient pas de la bataille puisqu'aucun d'eux n'avait le front bandé ni les mains noires de poudre, et pourtant tous avaient l’attitude de vaincus. Ils marchaient la tête basse. Personne ne les talonnait par derrière et cependant ils fuyaient sans trêve, jour et nuit. Curieuse troupe que celle-là, qui évitait avec soin les villes et les villages et qui ne demandait jamais aux rares passants son chemin. Bien plus, quand un pâtre, appuyé sur son bâton, criait à ces hommes : « Où allez-vous? » ceux-ci détournaient la tête et ne répondaient pas. L'armée grecque battait en retraite, Elle battait en retraite sans avoir combattu. Comment cela s'était-il fait ? Voilà trois mois déjà que le tambour avait retenti dans la vieille et la nouvelle Grèce. C'était par un jour d'automne ensoleillé. La grande nouvelle avait couru des montagnes du Péloponèse aux plaines du Vardar : la Bulgarie, qui veut la Macédoine et Kavala, et Salonique et la Dobroudja, et l’Albanie, —