Le drapeau du 27e régiment d'infanterie
48 LE DRAPEAU DU 27° DE LIGNE
occupait le milieu du champ de bataille. Tout à coup, vers dix heures, lesoleil, perçant enfin les nuages, lui montre, à une portée de fusil, toute la cavalerie prussienne, amenée par le prince de Hohenlohe, qui fond à l'instant sur sa faible troupe. Nos carrés sont aussitôt formés ; ils laissent les cuirassiers ennemis arriver à vingt pas, puis par leurs décharges meurtrières, terrifient chevaux et cavaliers. Notre brigade de cavalerie légère, abritée parun bouquet de bois, parvient à bonne distance pour charger à son tour les Prussiens; mais elle est repoussée par la masse ennemie, et forcée de se réfugier derrière nos voltigeurs et nos grenadiers. Ceux-ci résistent à tous les assauts sans perdre un pouce de terrain. Leur contenance, au milieu de ce tourbillon de cavalerie, est magnifique, leur fusillade épouvantable, au dire d’un vieux soldat de la Garde (1).
L'Empereur, étonné et mécontent que l’on ait devancé son ordre, galope jusque sur la hauteur auprès de Vierzehn-Heiligen ; mais il aperçoit nos deux carrés se défendant héroïquement contre toute la cavalerie prussienne, et aussitôt sa colère tombe: il fait partir au secours de Ney tout ce qu’il a sous la main de cavalerie légère, et envoie à Lannes l’ordre de se porter en avant. Nos braves soldats, qui luttent toujours comme des lions, vont bientôt manquer de cartouches, quand ils remarquent du trouble dans les rangs ennemis; c’est qu’une division de Lannes menace de les prendre en flanc. A la faveur de cette diversion, le maréchal Ney peut enfin faire charger ses cavaliers, qui dégagent son front; puis il fait avancer à gauche son régiment léger, qui va le relier à Augereau, poste son bataillon de grenadiers dans le petit bois, et lance les voltigeurs dans le village de Vierzehn-Heiligen, pour y donner la main au maréchal Lannes. Mais au même instant, une division
(1) Cahiers da Capitaine Coignet.