Le Général Moreau (1763-1813)

peut-être quelque chose de farouche se faisait voir dans leurs regards » (1).

Ecoutez, d'autre part, Fauche-Borel:

« J'étais logé à l’H6tel du Sauvage, à Bâle, lorsque des soldats de l’armée de Moreau, en retraite, y arrivèrent cousus d’or, mais les pieds nus, enveloppés de guenilles, tout en faisant des repas où le champagne et la bonne chère contrastaient avec le délabrement de leur équipage. Sur la demande que je leur fis pourquoi, se livrant à une si grande dépense, ils ne s’achetaient pas des bas etdes souliers, ils me répondirent: « Par Dieu oui, des souliers! n'est-ce pas à la République à nous les donner ? Nous serions bien fous de dépenser notre argent à ça! » (2).

. Quant au général de ces héroïques et insouciantes troupes, il déploya, notamment à Biberach, plutôt des qualités de tacticien que des talents de stratégiste. « Il fit briller, dit Jomini, quelques étincelles d’un génie qui ne

(1) Gouviox Saint-Cyr. — Mémoires, t. IV, ch. 17. (2) Faucue-Borez. — Mémoires, t. II, p. 60.