Le Général Moreau (1763-1813)

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projets louches, de menées souterraines. Mais toujours aussi on le voit indécis et flottant, sans résolution, sans courage civil; pour se déclarer tout à fait, il attend avec prudence l'issue des événements. En dehors du champ de bataille, sa vie tout entière se passe à comploter sournoisement. Jamais, d'ailleurs, il ne va jusqu'au bout de ses trames et de ses machinations.

Dans les nombreuses conspirations du temps, souvent il se trouve impliqué; cependant il se réserve et se dérobe au dernier moment. En l'an V (1797), comme Pichegru son ami, il est clichyen (1), quitte à fournir,

(1) On le sait, au Ciub de Clichy se réunissaientles fauteurs d’une réaction. Ils étaient de deux sortes. Il y avait les hommes exaspérés contre les excès révolutionnaires, partisans d'un gouvernement modéré, et les royalistes, prêts à profiter du mécontentement universel pour préparer plus ou moins ouvertementune Restauration.Ceuxci, à force d'habileté et d’audace, prirent vite la direction du parti clichyen. Ils savaient nettement ce qu'ils voulaient. Bientôt on les vit, solidement organisés, suivre des chefs adroits et actifs, créer ou gagner de nombreux journaux. Leur agence de Paris, dirigée par l’abbé Brottier, Lavilleheurnois et Duverne de Presles, enveloppa