Le Général Moreau (1763-1813)

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confier à celui qu'on surprend en contradiction avec lui-même, et qui, dans toutes les suppositions, a trompé l’un des deux partis?» (1).

Thiers veut trouver, dansles lettres mêmes saisies à Offenbourg, la preuve de l'innocence de Moreau. « Pichegru ne cessa de dire qu'il ne fallait pas s'adresser à Moreau, parce qu'il naccueillerait aucune ouverture » (2).

Puisque Moreau conserva plusieurs mois ces pièces sans en référer au Directoire, on est autorisé à se demander s’il n'en supprima ou n'en altéra pas quelques-unes, les plus propres à le compromettre lui-même. D'ailleurs son ancien chef pouvait, pour plus d’une raison, déconseiller de s'ouvrir directement à lui. Il connaissait son caractère équivoque, il se défiait de lui à juste titre. Demougé, l'homme de confiance de Pichegru, n'écrit-il pas : « Le général Moreau, que Pichegru dit

(1) Pages r2 et 13. (2) Triers. — Histoire de la Révolution, 13e édition, LE ip 105.