Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures
18 LE MONTÉNÉGRO CONTEMPORAIN.
à Yvan sa capitale Jabliak qu'il reprit seulement en 1481, à la mort de Mahomet II.
Maîtres de Scutari, les Turcs voulurent de nouveau prendre Jabliak qu'ils attaquèrent en 1482. Ivan songea alors à demander aux Vénitiens un secours qu'ils lui refusèrent. Incapable de résister, il abandonna sa capitale après l'avoir brûlée, et se retira dans les fortes positions du Monténégro. Espérant trouver ailleurs l’aide qui lui faisait défaut, il partit bientôt pour l'Italie, laissant à sa place son frère Djurdj, surnommé Arvanit, lequel, en l'absence d'Vvan, défendit courageusement ses États, qui alors s ’élendaient de Bar jusqu’à l’'Herzégovine.
De retour de son voyage inutile en Italie, Lan comprit que : son courage et celui de son peuple, aidés des obstacles
naturels offerts à l'ennemivpar la Montagne Noire, devaient être les seuls appuis de son espérance, et qu'il devait à son tour tenter de faire ce que les fils du H’rsog Stephan, Vladislav et Vlatka, avaient accompli contre les Turcs en Herzégovine, Dès 148%, il bâtit à Tsettinjé un monastère auquel il donna le nom de Métropole de la Zéta, et il y établit un évêque du nom de Visarion qui auparavant habitait le monastère de Vranina, première métropole de a Zéta, Van fixa sa propre résidence à Tsettinjé et construisit sur la rivière d’Obod, qui plus tard prit le nom de Tsernoïévitja Rieka, une forteresse et une imprimerie.
Exaltés par les dispositions de leur chef, et pénétrés de son propre courage, les Monténégrins lui jurèrent une fidélité à toute épreuve, et votèrent d’une voix unanime l’institution d’une loi en vertu de laquelle : « En temps de querre contre les Turcs, aucun Monténégrin ne pourrait, sans l’ordre de son chef, quitter le champ de bataille; que celui qui aurait pris la fuite serait déshonoré à jamais, méprisé, banni du milieu des siens ; qu'on lui donnerait un vêlement de femme et un fuseau, et que les femmes à coups de fuseau le chasseraient comme lâche et traître à sa patrie. »
Ainsi préludait le peuple Tsernogortse à cette existence de luttes sans trêve ni merci qui, pendant plusieurs siècles,