Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

42 LE MONTÉNÉGRO CONTEMPORAIN.

sorte de régence, de se former en garde nationale et d’attendre le rétablissement de la République vénitienne; que si celle-ci ne ressuscitait pas, ils pourraient alors se donner à Sa Majesté Catholique, mais aux mêmes conditions que leurs ancêtres l'avaient fait en 1420 aux Vénitiens.

Les gens de Budua réclamant sa présence, Pierre se rendit au milieu d'eux, et alors, d’un commun accord, ils le reconnurent momentanément comme protecteur de leur ville et de ses environs. 1

L'Autriche prenait cépendant possession de la Dalmatie ; le baron Roukavina arrivait à Troguir avec la flotte, et le comte Raimond Turm était envoyé comme commissaire extraordinaire du gouvernement impérial.

Roukavina écrivit lui-même plusieurs fois au vladika pour lui rappeler les titres que l'Autriche avait à sa reconnaissance, et pour le prier de favoriser de tout son pouvoir l’établissement du nouvel état de choses dans les Bouches de Caitaro et dans les Primoré.

Comprenant que la chute de la République était définitive, les Boccésiens se décidèrent à envoyer une dépêche à Roukavina qui, à ce moment, se trouvait à Curzola, pour lui offrir l'entrée des Bouches, devant lesquelles il arriva le 99 août. Au mois d'octobre, le contre amiral Brueys se présentait devant Raguse avec la flotte française et envoyait au procurateur, comte Turm, qui se trouvait alors à Rossé, un ordre en vertu duquel les Autrichiens eussent à quitter immédiatement les Bouches, son intention étant, en cas de refus, de les y contraindre par la force. Dans cette circonstance difficile, le comte Turm crut devoir s'adresser au vladika, et le pria de lui accorder son aïde et celui de ses braves Monténégrins contre l'ennemi commun, remettant à sa sagesse le soin de prendre telle détermination qu’il jugerait convenable pour la défense du pays, et lui confiant l'autorié supérieure, même sur les troupes de Sa Majesté.

Bonaparte ayant mis sur sa tête la couronne impériale, Alexandre eût voulu liquer l'Europe entière contre cet insatiable conquérant, et tandis que sa politique agissait par-