Le pacte de famine, histoire, légende : histoire du blé en France

32 PACTE DE FAMINE

II

LETTRE DE LE PRÉVOT A UN DES MINISTRES DE LOUIS XV :.

« Monseigneur,

« Que Dieu veuille vous faire savoir par les vents de l'Equinoxe auxquels je confie cette lettre, que je suis tyrannisé depuis 13 mois et demi, parce qu’en vrai patriote et fidèle sujet du roi, je veux, pour l’acquit de ma conscience et pour le bien de tous les peuples de la France, dénoncer au Roi, ou à vous, Monseigneur, la plus étonnante conspiration qui se soit faite contre tout le royaume depuis qu'il subsiste. Quatre autres sujets de Sa Majesté qui en ont connaissance sont, uniquement pour cela, opprimés comme moi et transférés de la Bastille au donjon de Vincennes, pour y être suffoqués ou pour y périr au pain d’amertume et à l’eau d'angoisse, par les soins du sieur de Rougemont, concierge et tyran des prisonniers du donjon, qui nous a tous reçus sans ordre du Roï et sans écrouer sur les registres des entrées. La conspiration de trois chefs, du nombre desquels est M. de Sartine, notre persécuteur. Elle à aussi 3 sous-chefs pour le travail, et ceux-ci sont représentés par un généralissime agent qui se porte en poste dans toutes les provinces où il a une ou plusieurs légions de sous-agents, voituriers et manouvriers. Il est encore d’autres semblables lignes secrètes. Leurs indignes manœuvres se font à l'insçu du Roi, sous son nom, sous son autorité et sous le titre imposant du bien public contre l'honneur, l'intérêt et la gloire du Roi, et contre la prospérité du royaume que ces signes du bien public dévorent sans cesse jour et nuit et depuis près de cent ans, suivant mes recherches.

Je vous supplie, Monseigneur, de me faire la grâce de m’entendre avec le sieur Rinville, en nous faisant transférer devant vous. J'espère vous démontrer que les plus grands maux de la France, depuis cette époque, viennent de la cause que j'ai à vous réveler.

Je suis, avec un très profond respect, Monseigneur,

Votre très humble et très obéissant serviteur, Le Prévor,

natif de Beaumont-le-Roger en Normandie,

Au donjon de Vincennes, no 40, ce 24 septembre 1769.

(Extrait de l’Amateur d'autographes. V.188.)

1. Choiseul probablement.