Le pacte de famine, histoire, légende : histoire du blé en France

38 PACTE DE FAMINE

ou d’autres, à qui il appartient, et quels sontles gens quile connaissoient quand il a été arrêté ; il est vraysemblable que le plus grand nombre n'existe plus à présent. Ces gens-là n’auront rien à faire pour lui, puisqu'il est fol à un tel degré qu'il n’y aura plus qu’à le transférer dans une des maisons où l’on soigne les fols ; mais encore faut-il que les parens, s'il y en a, savent où existe celui à qui ils appartiennent.

8o Le nommé Girard n'a donné en ma présence aucune marque de folie. Je vous prie de me mander ce qui en est, d’après des gens qui le voyent le plus souvent.

Si, sur ce rapport, il paraît qu'il n’ait pas la tête aliénée, je suis très persuadé que le roy lui fera rendre sa liberté ; mais je ne sais ce que deviendra cet hornme qui n’a rien et n’est plus d'âge à prendre un état qui le fasse vivre.

Ainsi je voudrais que sans lui annoncer sa liberté, qui est encore incertaine, puisque le roy n’a pas encore entendu parler de son affaire, on le pressentit sur ce qu'il compte devenir et les ressources qu’il aurait pour vivre, et en général sur l'usage qu’il pourrait faire de sa liberté.

9o Je crois M. Mercourt trop malade pour faire aucun usage de la sienne, quaud on la lui rendra.

Mais si ce malheureux homme a besoin de quelque douceur que ce soit, il serait inhumain de la lui refuser.

S'il avait un retour de santé qui lui permit de sortir, d’aller dans le château, même de se promener dans les dehors, je pense qu’il faudra le lui permettre : il n’est pas à craindre qu'il profite de cette liberté pour s'évader et qu'il ne revienne pas dans sa chambre. Que ferait-il ? Et oùiraitil ? Et si, contre uotre opinion, il prenait le parti de disparaître, ce ne serait un malheur que pour lui. Il y a trop longtemps que ce prisonnier aurait dû être rendu à la société.

S'il faut un ordre exprès pour lui procurer cette liberté de la promenade, je vous prie, Monsieur, de m'en envoyer le modèle.

Je vous prie aussi de savoir de lui, comme je vous l’ay demandé de plusieurs autres, quels sont ses parents et les personnes à qui il tient pour les instruire de son sort, si tant est qu'on le leur ait laissé ignorer.

10° Il n’est pas douteux que M. de Langourla ne doive être traité de même, et j'ai lieu de croire que Sa Majesté sera touchée de sa situation. En attendant, je vous prie de lui procurer toutes les douceurs dont la maison qu’il occupe ou habite est susceptible.

Votre honnêteté et votre humanité vous ont déjà rendu sensible au sort de ce prisonnier qui mériterait de grands égards par sa naissance, s’il ne lui en était pas dû de plus grands encore pour ses malheurs.

110 Reste le jeune Levasseur.

J1 ne faut pas lui laisser ignorer son sort ; cette incertitude est trop cruelle. Il restera à Vincennes jusqu’à la fin du voyage de Fontainebleau, mais pas plus longtems.

I faut qu'il employe ce tems à reflechir sur ses fautes, à se corriger ; s’il demande des livres et du papier, il faut lui en donner ainsi qu’aux autres prisonniers ; il faudrait même l’exhorter à en faire usage pour se mûrir la tête ; je