Le Royaume de Monténégro : avec une carte

PUISSANCE MILITAIRE 69

sert à instruire, chaque année, 4.000 hommes qui viennent à tour de rôle, et par série, accomplir leurs quatre mois de présence.

Les soldats d'élite sont promus sous-officiers; ces gens retournent alors dans leur village, afin d'y instruire la milice. Dès que l’ordre est apporté par l’estafette, la mobilisation est annoncée par les clairons ou par des salves à succession rapide.

C'est pourquoi, au Monténégro, il est défendu à tout homme, même aux chasseurs, de tirer des coups de fusil qui se succèdent rapidement : ces détonations répétées donneraïent l'alarme etpourraient avoir pour résultat la mise sur pied instantanée d’une compagnie entière.

Le prince royal d'Autriche se trouvant un jour à Cettigné, le Roi lui montra comment il pouvait ainsi mobiliser tout un corps d'armée. En trente-six heures, toutes les troupes, avec équipement de campagne, étaient réunies aux environs de la ville. Le Monténégrin n'est bon tireur que s'il a un appui quelconque, un roc par exemple, et qu'il puisse viser à son aise. Il est bien moins sûr de son tir debout, en rase campagne.

Le Monténégrin a toutes les qualités qui font le véritable guerrier : c’est un chevalier sans peur, jaloux de la bravoure montrée par un compagnon d'armes, habitué aux privations, marcheur infatigable, grimpeur excellent dans la montagne et bien discipliné; ajoutons que son esprit d'aventures est toujours entretenu par les événements qui se passent à chaque instant à la frontière, où les conflits sont presque continuels. Les jeunes Monténéerins s’y rendent dans le but avoué d'y faire preuve de leur intrépidité, mais en réalité leur unique intention est d’y pratiquer le vol des bestiaux aux Albanais. Ces méfaits, aux yeux des Monténégrins, sont considérés comme des actes de courage. Si, au cours de ces rapines, ils sont forcés de se servir de leurs armes, leur bonheur est complet : ils voulaient se battre et l’occasion leur en est ainsi fournie assez souvent.

Il va sans dire qu'il y a souvent des blessés et des morts de part et d'autre, mais tout cela est sans importance et ne saurait arrêter leur ardeur.

Les officiers sont permanents ou territoriaux; on les distingue par l'uniforme. L’officier permanent a toujours reçu son instruc-