Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma, page 126
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probation, sous laquelle fut étouffée et réduite au silence toute tentative de protestation jacobine. Laya, lui-même, rappelé par le public, dut paraitre sur la scène, démonstration alors tout à fait inusitée.
L'Ami des Lois. qui prit les proportions d’une manifestation é-latante, jusiqu'à interrompre, un moment, le procès de Louis XVI, exciter la colère de Chaumette, de Danton et de Santerre, mettre la garde nationale sur pied, faire braquer le canon sur le théâtre, provoquer des arrêtés contradictoires trahissant un antagonisme accentué entre la Convention et la Commune de Paris, ne c2ssa pas, jusqu'au 14 janvier, où s’arrêièrent les représentations, d'aitirer une affluence énorme, qui, dès trois heures, assiégeait les bureaux du Théâtre-Français.
Quel était exactement, à ce moment, l’état des esprits et du sentumeut public? [l n’est pas indifférent de le rechercher et de le constater.
La royauté venait de disparaître. En prenant séance, à la date du 21 septembre 1792, la Convention, succédaut à l’Assemblée nationale, avait en elfet ; décrété l'abolition de ce régime (1).
j La France était érigée en République, gouvernée despotiquement, et le roi déchu aux prises avec une accusation capitale devant la Convention.
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(L Ce fut sur la proposition de l’acteur Collot-d'Herbois et de l'abbé Grégoire, qu'après vérification de leurs pouvoirs, les 371 députés de la Convention arrèterent ce qui suit, à l'unanimité: « La Convention nationale décrète que la royauté est abolie en France. »
À quatre heures du soir, ce décret était proclamé, à’haute voix, sous la fenêtre de la tour du Temple, prison de Louis XVI.
Juste trois ans auparavant, dans la fameuse séance du 17 sep- , ! tembre 1739, l'Assemblee nationale, à l'unanimité également, ' avait décrété par acclamation : « Que la personne du. roi était inviolable et sacrée; que le trône était indivisible, que la couroune était héréditaire dans la race régnante, de mâle en mâle, par ordre de primogéniture. »
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