Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

266 LES CAMIÈRS DES CURÉS

« généralement toutes les causes où l'intérêt du deuxième ordre étant opposé à celui du premier, le tribunal ecclésiastique devient suspect et récusable étant alors juge et partie en même temps. »

Les évèques de Digne et de Riez essaient en vain d'imposer un cahier spécial à leurs diocèses et unique pour le clergé entier. Moines, chanoines et curés le réputent illégal. Les délégués de Digne, de Sisteron et de Forcalquier, réunis dans cette dernière ville, à la sénéchaussée principale, nomment députés un curé congruiste et un prieur-curé. Ils éliminent les articles présentés par le haut clergé et arrètent un « cahier du clergé séculier et régulier» ne contenant que les plaintes et les vœux des inférieurs de lun et de l’autre (1).

A Marseille, Mgr J.-B. de Belloy (3) s'empare de la présidence de l'assemblée et, assisté par trois grands vicaires trèsaclifs, saisit, malgré le vote formel de la majorité des élecleurs, le bureau de rédaction. Chaque fois qu’une proposition opposante se produit : « Je ne signerai pas, s'écrie-t-il; pas de plaintes contre le haut clergé ! » Et ainsi le Cahier officiel du premier Ordre d'une des plus grandes villes de France, bâclé en une journée, devient insignifiant. Mais il est immédiatement renié par la minorité des commissaires ; puis, en assemblée générale, plus de quatre-vingt curés, mème deschanoines et des dominicains, adhèrent à la proteslalion de l'abbé Baussat, comte de Saint-Victor, et le chargent d'expédier au roi et à ses ministres un Supplément de doléances (3). On y cite, parmi les articles éliminés

(1) D'après les pièces accumulées dans lé registre B I, 63, des Arch. nat. et dans le tome Ill des Archives parlementaires.

(2) Evèquede Glandéves en 1751, de Marseille en 1755 jusqu'en 1790, archevêque de Paris en 1802, mort cardinal en 1803.

(3) Arch. Part, TU, p. 691-695,