Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

LA LUTTE ECCLÉSIASTIQUE 207

sans débat ni vote, celui « des religieux qui n'entendent pas la régénération de leur état par l'émission des vœux dès l’âge de seize ans, mais par l'annulation même des vœux et l'érection des communautés en congrégations séculiéres, soumises à l'ordinaire. » À seize ans, ajoute le rédacteur, «un jeune homme, ne se connaissant pas lui-même, ne peut disposer de rien, encore moins de sa personne. »

Les vicaires et prêtres habitués de Notre-Dame des Accoules (1) expriment à part les griefs et les aspirations des « classes plébéiennes, que le despolisme des chefs de lahiérarchie ecclésiastique laisse depuis si longtemps gémir dans un oubli avilissant et qui attendent leur résurrection civile du souverain et de la France. »

Le Cahier général du clergé de la sénéchaussée d'Aix (2) estrédigé par l'archevèque Raymond de Cucé de Boisgelin en contradiction directe avec celui dutiers-état confié à Mirabeau. Mais les curés, après avoir laissé Monseigneur s'élire luimême, luiassocient comme second député un simple pasteur de village, Cousin, curé de Cucuron.

Ce curé se doutant de l'imposisbilité de faire entrer les vœux du bas clergé dans le document archiépiscopal, apris soin de les diriger vers l'assemblée du Tiers, en les glissant dans le cahier de sa paroisse. Les « chefs de famille du bourg de Gucuron » approuvent tout un plan de réformes ecclésiastiques. Ils proposent la transformation des dimes et la mise « en un fonds commun des menses épiscopales et cathédrales, et qu'on en tire la dotation fixe de l'évèque, de son chapitre et du clergé paroïssial ». Ils r'appellent « la Pragmatique de Saint-Louis en 1729, restaurée en 1438, à la célèbre assemblée de Bourges, et supplient le roi d'examiner si, d’après l'aspect peu consolant de l'Église

(1) Arch. Part., II, 696. (2) Ibid, I, 692.