Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

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française il ne serait pas expédient de rendre au clergé et au peuple l'élection des pasteurs. » (1)

Dans un très grand nombre d’autres villages, se reproduit, sous l'évidente dictée des curés, cette démande de l'abolition du concordat passé entre François Ie et Léon X

et du rétablissement des élections dans l'Église (2). Rians répute le Concordat « loi monstrueuse » et demande que les États provinciaux présentent trois candidats au roi pour chaque évèché et nomment les curés. Peynier voudrait « l'élection libre du curé en assemblée de tous chefs de famille. » (3) Vitrolles-les-Martigues désire « l'Église française

régie par un chef choisi dans le royaume, qui n'aura de juridiction que sur le spirituel. » La communauté de Mirabeau propose de décerner «le titre de patriarche de l Église gallicane au primat des Gaules ou à l'archevêque de Paris », de ne plus porter d’affaires en cour de Rome, et, s’il s'élève des questions de dogme, de « consulter respectueusement le pape (4). »

Nulle part mieux qu’en ces cahiers primitifs de la campagne provençale, presque tous écrits par Les curés,ne se retrouve le plan complet de la future Constitution civile du clergé. Quinson dénonce l’inique répartition des immenses biens de l'Eglise et dit que, « sil’abusive propriété ecclésiastique était abolie, on ne verrait plus de procès entre les pasteurs et leurs ouailles, les gens du monde ne tiendraient plus des conversations scandaleuses à raison de la conduite des ministres des autels et ne leur reprocheraient plus de s'engraisser de la substance des malheureux; dès lors, la religion serait respectée, les bonnes mœurs renaitraient...

(1) Arch. Parl., NI, 282-285,

(2) Ibid. 371-372, Cahier des 15 communautés d'habitants réunies au « burean de Pertuis » ; etc.

(3) Ibid. 396, 373, et aussi 397, le cahier de Riboux.

(4) Ibid. 447, 351.