Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

LA LUTTE ECCLÉSIASTIQUE 209

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et l'État deviendrait puissant. » Cuger condamne« la somptuosité des palais, des tables et des équipages » des évéques ; l'inutilité des chanoines « qui paient des inférieurs pour chanter les louanges du Seigneur » : le luxe, «insultant pour la misère du peuple », des riches abbés ; « l'ignorance et l’oisiveté » des moines mendiants. Gignac et vingtautres bourgs ne reconnaissent qu'un clergé, le paroissial, accusent l'archevêque d'Aix d'augmenter son opulence en leur refusant les secours spirituels : « IL faut de bons pasteurs, s'écrient-ils, et pour en avoir, il faut de bons évêques ; ct, pour avoir de bons évêques, il faut qu'ils soient exclus de la cour et pauvres, alors véritables ministres de JésusChrist» (1).

IL LANGUEDO0E

Le clergé de la sénéchaussée de Villeneuve de Berg présente le très rare spectacle d’un accord entre toutes les classes ecclésiastiques. Les élus sont un curé et un archidiacre de la cathédrale, remplaçant l’évêque qui refuse l’élection. Ils reçoivent le mandat impératif de voter par téte aux États généraux et d'obtenir avant tout « un règlement qui assure à perpétuité la liberté des personnes, la propriété des biens, le consentement libre et volontaire de l'impôt, une administration constitutionnelle et élective. »

Détail qui n’étonne pas si l'on se rappelle qu'en 1576 les gens du Vivarais, voyant leur pays dévasté par les guerres de religion, firent déposer les armes aux catholiques, comme

(1) Arch, part. VI, 381, 274, 297.