Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits
LE SERMENT DU JEU DE PAUME 391
De la résolution à la résistance, soutenue avec une égale énergie par Camus et par Barnave, par Buzot et par Grégoire, l'abbé Sieyès fournit la formulelégale :« Nous sommes aujourd'hui ce que nous étions hier! »
Et l'Assemblée nationale, se constituant de nouveau, décrète son inviolabilité :« Toute corporation, tribunal, cour ou commission qui oserait poursuivre, rechercher ou faire arrèter un député, serait traître à la nation et coupable de crime capital. »
A cette délibération, prise à la majorité de 493 voix contre 34, assistaient 80 ecclésiastiques.
Ces derniers cependant se rendirent encore le lendemain 2%, dans la Chambre du clergé, isolément convoquée suivant la volonté royale. Mais ce fut pour s'opposer à l'enregistrement ou à la délibération des Déclarations royales,que proposaient l’évêque de Naney et l’archevèque de Paris.Aux débats, qui devenaient très violents, il fut coupé court par la sortie en masse de 150 prêtres libéraux, précédés des archevêques de Vienne et de Bordeaux, des évêques de Goutances, de Chartres, de Rodez, suivis des huissiers emportant les archives, les procès-verbaux, les registreset la caisse du premier Ordre.
Les opposants, — au nombre de 143, bientôt abaissé à 119, — essayèrent de se reconstituer « en chambre active » sous la présidence maintenue de l'archevêque de Rouen. Mais le lendemain, l'archevêque de Paris, qui avait failli devenir victime de son impopularité, donna au plus haut clergé le signal de la débandade.
Lorsque Mgr de Juigné se présenta à l'Assemblée nationale, au bras de son collègue de Bordeaux, Champion de Cicé, il dit: « L'amour de la paix me ramène au milieu de vous. — J1 ne manquait que cette couronne à vos vertus! » répliqua le président.
Et chaque fois que venaient « s'unir » des curés par