Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits
LE SERMENT DU JEU DE PAUME 395
s'égarer sur une question de détail, que sa logique avait supprimée dans les Instructions aux électeurs dont il avait fourni le modèle, l'abbé Sieyès soutient, le 7, qu'il n’y a pas lieu de délibérer. De quoi les évêques de Dijon et d'Agen s'irrilent fort ; ils vont jusqu'à prétendre que si, contrairement aux instructions reçues, on votait par tôte, les déclarations seraient nulles. Un curé de Vic, l'abbé Rivière, discute la valeur ct l'étendue des mandats « acceptés mais peut-être à renouveler. » — «Quelque soit notre décision, » s’écrie un représentant noble, « il n’est pas de puissance humaine qui puisse rendre parjure un gentilhomme français.» L'émotion provoquée par cette objection chevaleresque fut énorme. Il fallut lever la séance sans voter.
Le 8, Mirabeau dut user de toute son éloquence pour faire passer par 731 voix contre 28, la fin de non recevoir de Sieyès: « Considérant que l’Assemblée nationale ne peut être suspendue, ni la force de ses décrets affaiblie par des protestations individuelles ou collectives. »
Ge qui explique la presque unanimité de cette abolition effective des anciens Ordres, c'est qu'en même temps, sous l'impression des agitations de Paris et des complots évidents de la cour, le grand orateur avait proposé « une très humble adresse pour demander au roi la création d'une garde bourgeoise et l'éloignement des troupes. »
À La Fayette, qui réclamait le renvoi aux bureaux, l'abbé Grégoire opposa une demande d'urgence.
« On ne peutsedissimuler, dit-il, que ceux qui craignent la réforme des abus dont ils vivent, n'épuisent toutes les ressources de l'astuce pour faire échouer les opérations de l'Assemblée nationale. Les Français seraient l'opprobre du genre humain etlalie des nations, s’ils consentaient actuellement à recevoir des fers. Que les auteurs de ces détestables manœuvres soient dénoncés à la nation comme cou-