Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits
LA CONSTITUTION CIVILE 417
semblée nationale, il soit tenu un Concile national par dépulés des provinces payés par le Clergé seul, afin de régler les objets purement spirituels qui auront été déclarés être de sa compétence et faire des réglements qui, portés à la première législature, y deviendront lois de l'État. »
Ils espèrent que ce concile, après avoir complété moralement la régénération de l'Église gallicane, arrivera même à lui réconcilier les non-catholiques et à « ramener l'unité de croyance. » (1) Gette illusion prouve la générosité des aspirations du bas clergé français au moment de la chute de l'Ancien régime.
L'idée de la convocation d’un concile national, — en dehors de toute attache ultramontaine, sans même la permission de la Cour de Rome, — se retrouve dans un grand nombre de cahiers officiels du clergé des sénéchaussées et bailliages, rédigés du mois de mars au mois de mai 1789.
Généralement, dans ceux-ci, l'on constate que «la cessaüion des conciles est une des causes qui ont le plus influé sur la décadence des mœurs et de la discipline de l'Église. » (2) On invoque le concile de Bâle (3), le concile de Trente et l'ordonnance de Melun en 1610 (4), la déclaration de Louis XIV de 1646 (5), afin d'obtenir que l'Église de France sorte du silence séculaire, auquel l’a réduite l'absolutisme des rois et des papes.
Les curés en particulier demandent « une loi irrévocable », qui fixe la périodicité des synodes diocésains, des conciles provinciaux, remplaçant les assemblées ordinaires du haut clergé » qui n’ont plus d’objet temporel par la sup-
(4) P. 80.
(2) Évreux. — Arch. Parl. I, 290,
(3) Auxerr», Arc. parl. NI, 10,
(4) Belfort, Arch. part. IT, 310.
(5) Meaux, Nevers, Arch. parl. Li, 723: IV, 316,