Les fêtes et les chants de la révolution française

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venu d'ailleurs, mais dont il sentit si bien lui-même la véritable place qu'il lintroduisit sans tarder dans Montano et Stéphanie, où cet hymne national devint un chœur de villageois saluant une jeune fiancée : « Hommage! honneur! chantons notre belle maîtresse! » Originairement celte musique était chantée sur des vers de Lebrun :

Hommage! Hommage !… Hommage à la pompe rustique Qui règne au jour de la moisson. Reçois nos vœux, charrue antique, Toi dont un luxe asiatique Dédaignait la gloire et le nom.

Quant à l'hymne de Martini, c’est une espèce de cantique assez banal, aussi sec et dénué d’accent qu'une cantate composée par un instituteur de village allemand en l'honneur de Monsieur le bourgmestre. Nos bons et charmants maîtres français de l’opéra-comique n’auraient-ils donc pas été mieux désignés pour faire les chansons propres à plaire au peuple?

Justement, en terminant cet exposé, nous allons rencontrer le meilleur : Grétry, qui, musicien d’ancien régime, ayant à peu près terminé sa carrière à la chute de la royauté, n’a pour ainsi dire pris aucune part à l'éclosion de musique nationale à laquelle nous venons d'assister. Il n’était pourtant pas indifférent au grand mouvement des idées de la Révolution : les écrits auxquels il se consacra à celte époque de sa vie le prouvent de reste; et quand il advint que son pays natal eut à s'associer à l'expansion française, il ne put s'empêcher de lui adresser son musical encouragement en composant une Marche pairiolique qui, vendue en feuilles volantes avec accompagnement de guitare, fut populaire sous le nom de son premier vers : « Valeureux