Les pamphlets de Marat

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les auraient payés, s'ils n'étaient amplement dédommagés parle ministère ? C'est en vain qu’on chercherait à se faire illusion, à disputer contre l'évidence: or, il estincontestable que ces accaparements ne peuvent se faire ni à l’insu ni contre la volonté du gouvernement; ét il n'est pas moins incontestable que ces exportations ne peuvent se faire que par ses ordres. ;

Ces-infâmes manœuvres tarissent les sources de l’abondance, et livrent les peuples aux malheurs de la disette, aux horreurs de la famine. Or, à qui les imputer qu'à celni qui nous empêche depuis la récolte de manger le pain que nous a donné la nature ; qu'à celui qui nous empoisonne depuis onze mois avec les farines gâtées de l'étranger ; qu’à celui qui tient dans ses mains les sources de l'abondance, et qui semble ne les avoir fait couler pendant quelques jours *, que pour nous convaincre qu'il les ouvre et les ferme à son gré ? Et quel autre motif lui prêter, que le dessein perfide de faire sentir aux peuples les inconvénients de la liberté, et d'amener * les municipalités à lui rendre d’elles-mêmes les subsistances qui seules peuvent le remettre en possession du talisman mystique, auquel tient son existence, son crédit, sa réputation ?

D’après cela, est-il un homme de sens qui n’inculpe avec moi le premier ministre des finances ? Qu'il reste donc chargé de ces inculpations, ou qu'il dénonce les infâmes qui les ont méritées. Fameux magicien, nous connaissions vos rubriques, vous les avez si souvent déployées sous nos yeux ! Vos chers confrères des Filles-Saint-Thomas ont beau vanter vos prouesses, votre coup de maitre n'est pas d’avoir, comme eux, soutiré de la poche des rentiers l'or

1. Dès le lendemain de la translation de la famille royale à Paris. (Noterdte Marat)

2. Je ferai voir à la fin de cet écrit, qu'elles ne sont jamais sorties des mains du ministre; que le Comité de la Ville n'a été qu'un instrument aux volontés de l’accapareur général; mais je n'ai pointencore les pièces qu’on m'annonce. (Note de Marat)