Les pamphlets de Marat

286 LES PAMPHLETS DE MARAT

Nous en étions là, lorsqu'un garçon du café nous fit passer Le Porteur d’eau‘. — Est-il possible, s’écria mon homme, qu’il y ait des écrivains assez peu sensés pour nuire à la cause publique par des pasquinades? Il faut avoir bien peu de ressources dans l'esprit pour donner à de bonnes choses un cadre aussi ridicule! — Vous savez l’offre du clergé et de la noblesse, dit un voisin nouvelliste, c’est admirable, parbleu, c’est admirable. — On peut encore, répondit mon homme, attendre d’eux quelques généreux sacrifices : mais c’est un sacrifice généreux de la finance et du Parlement que je serais curieux de voir. Si l'Etat n'avait pour se libérer d’autres ressources que leurs dons gratuits, je crois qu'on serait réduit à porter la couronne au Mont-de-Piété.

L'Anglais que j'aperçus au bout de la salle, me fit signe; j'allai le rejoindre, et il me conduisit chez sa belle cousine, où nous-avons diné.

LETTRE X

Tu me demandes des renseignements sur l’Académie royale des sciences; parce qu'ayant beaucoup vécu avec ses membres, personne, dis-tu, n’est plus en état que moi de t'en donner d’exacts : mais tu devrais savoir aussi que personne n’aime moins que moi ces sortes de détails, et tu as besoin de toute ma complaisance pour n'être pas refusé.

Ainsi que les autres corps, l’Académie des sciences à ses mœurs, ses usages, son régime, ses maximes et sa politique, dont aucun membre ne peut s'écarier sans se rendre suspect à tous les autres : mais laissons là ce qu'elle à de commun avec les autres sociétés savantes, pour ne parler que de ce qui la caractérise.

1. Brochure qui parut sur les affaires du temps en janvier 1789. (Note de Marat)