Les pamphlets de Marat
L’AMI DU PEUPLE AUX FRANÇAIS PATRIOTES 299
Redoutez là réaction, je vous le répète, vos ennemis ne vous épargneront pas, si le dé leur revient. Ainsi point de quartier, vous êtes perdus sans retour, si vous ne vous hâtez d'abattre les membres pourris de la municipalité, du département, tous les juges de paix antipatriotes, et les membres les plus gangrenés de l’Assemblée Nationale; je dis de l’Assemblée Nationale, et par quel funeste préjugé, quel fatal respect seraient-ils épargnés? On ne cesse de vous dire que toute mauvaise qu’elle est, il faut se rallier autour d'elle. C’est prétendre qu’il faut se rassembler sur la mine couverte sousivos pas, et remettre le soin de vos destinées à des scélérats déterminés à consommer votre ruine; considérez que l’Assemblée est votre plus redoutable ennemie; tant qu’elle sera sur pied, elle travaillera à vous perdre; et aussi longtemps que vous aurez les armes à la main, elle cherchera à vous flaitter et à vous endormir par de fausses promesses; elle machinera sourdement pour enchaïîner vos efforts, et lorsqu'elle en sera venue à bout, elle vous livrera au glaive des satellites soudoyés : souvenez-vous du Champ-de-Mars.
Personne plus que moi n’abhorre l’effusion du sang; mais pour empêcher qu'on en fasse verser des flots, je vous presse d'en verser quelques gouttes. Pour accorder les devoirs de humanité avec le soin de la sûreté publique, je vous propose done de décimer les membres contrerévolutionnaires de la municipalité, des juges de paix, du département, et de l’Assemblée Nationale. Si vous reculez, songez que le sang versé dans ce jour le sera en pure perte, et vous n’aurez rien fait pour la liberté.
Mais, sur toutes choses, tenez le roi, sa femme et son fils en otage, et jusqu'à ce que son jugement définitif soit prononcé, qu'il soit montré chaque jour quatre fois au peuple. Et comme il dépend de lui d’éloigner pour toujours nos ennemis, déclarez-lui qüe si sous quinze jours les Autrichiens et les Prussiens ne sont pas à vingt lieues des frontières pour n’y plus reparaître, sa tête roulera à