Les pamphlets de Marat

326 LES PAMPHLETS DE MARAT

vrai, il me semble que les sujets inculpés, quel que soit leur ressentiment, ne sauraient, sans renoncer à toute raison, me considérer comme calomniateur; car la malveillance seule est le cachet de la calomnie. Lors done qu'ils se trouvent inculpés sans fondement, tout au plus peuvent-ils m'accuser d’être mal informé, chercher à se laver de l’inculpation, et me plaindre de m’être trouvé dans la triste situation de ne pouvoir m'assurer de leur innocence.

Instruit que quelques citoyens inculpés dans mon placard sur les élections se récriaient hautement, je me suis présenté à la tribune du corps électoral pour demander qu’ils fussent entendus contre moi; une voix réclame l'ordre du jour, à l'instant les applaudissements du corps entier me ferment la bouche etme rappellent à ma place. Quelque flatteur qu’ait été ce témoignage honorable rendu à la droiture de mes intentions, il a tourné contre moi : le sieur Deflers en a profité pour répandre furtivement un écrit scandaleux, dans lequel, sans songer à se laver de l’inculpation que je ju ai faite, il s'étend avec complaisance sur la gloire qu’il a acquise à servir les grands seigneurs, et il finit par faire pleuvoir sur ma tête les imputations les plus fausses et les plus absurdes; il m'accuse d’avoir voulu frustrer mes créanciers, d’avoir entevé la femme et les meubles d'un bienfaiteur..…

Plus juste que le sieur Deflers, je ne le traiterai pas de calomniateur : je l'accuserai seulement d’avoir ramassé quelques mensonges publiés par des malveillants etembellis par mes nombreux ennemis.

Pour détruire ces inculpations odieuses, je ne lui opposerai pas le cours entier de ma vie depuis la Révolution. Mais à qui fera-t-il croire qu’un homme que n'a pu séduire l'or de la cour, que n’ont pu faire dévier un instant ni les décrets d’anathème, ni les poignards des assassins, qui à sacrifié à la défense de la liberté le soin de ses affaires, Le fruit de ses travaux, son repos, sa santé ; qui s’est immolé iout entier au salut publie, et à qui il ne reste aujourd'hui