Les pamphlets de Marat

46 LES PAMPHLETS DE MARAT

mauvais que dans un bon Gouvernement; car l'esprit d'ordre et de prévoyance qui la caractérise, prévenant les maux, en à peu à réparer.

Elle n’attaque pas non plus le principe de la constitution politique, comme font les deux autres formes qui, corrompant et dégradant sans cesse les classes inférieures, exigeraient pourtant des hommes parfaits dans ce premier rang, où l’on ne peut guère monter et se maintenir qu’à force de crimes, ni bien se comporter qu'à force de vertus.

Enfin elle n’engendre pas les vices qui corrompent le Gouvernement, qui minent et détruisent l'État.

Tels sont les avantages de cette forme d’administration dans les Républiques; mais dans les Monarchies, c'est toute autre chose. Voyez-la sous le Régent, quel bien procura-t-elle à Ja Nation? La manière dont il s’y prit pour l'établir, fit assez voir qu'il s'était peu soucié qu'elle allàt mieux, et qu'il avait moins songé à donner aux Membres du Parlement l’autorité qu'il feignait de leur confier, qu’à les faire mépriser du Peuple, en les rendant ridicules à ses yeux : aussi fut-elle réformée au bout de quelques mois, après avoir achevé de tout gâter.

Au demeurant, vouloir que des Conseils remplacent des Ministres, c’est vouloir donner au Gouvernementune marche rétrograde. Les trois formes d'administration que j’ai développées se rapportent manifestement aux trois formes spécifiques du Gouvernement suprême. Et comme toute Démocratie tend naturellement à l’Aristocratie, toute Aristocratie à la Monarchie, et toute Monarchie au despotisme ; de même, l’administration par Conseils tend à l’administration par Ministres, et l'administration par Ministres au Vizirat. (est cette pente éternelle de la force publique

Rome et celui de Venise ne prouvait que ces commissions ne sont pas toujours nécessaires pour expédier promptement et secrètement les affaires les plus importantes. (Note de Marat)