Les pamphlets de Marat

SUPPLÉMENT DE L'OFFRANDE A LA PATRIE 65

abandonnée, que lorsqu'elle aura été reconnue défectueuse, mauvaise, ou impossible.

Les Ministres eux-mêmes auront plus de stabilité, et on ne verra pas sans cesse des novices appelés au timon des affaires, puis renvoyés lorsqu'ils commencent à acquérir des lumières.

Forcés de s’observer, ils cesseront de se reposer sur leurs commis, ils deviendront appliqués, prendront des connaissances nettes et approfondies des affaires, et seront enfin en état de corriger les abus que les passions ou les préjugés ont introduits dans l'administration. Leur gestion pouvant être recherchée, ils seront intéressés à surveiller leurs subalternes, crainte d'être taxés de négligence ou de connivence; ce qui préviendra encore les malversations des commis‘, qui auront moins le temps de s’arranger pour leurs friponneries, et qui, se voyant à la discrétion de leurs maîtres, seront plus réservés à ne pas commettre des infidélités qui pourraient les perdre. Aïnsi, l'œil attentif du Conseil national contiendra dans le devoir tous les départements du ministère, et leurs opérations en iront mieux au bien général.

Mais, pour mieux sentir les avantages attachés à l’établissement du Conseil national, opposons-les aux inconvénients d’une administration arbitraire.

D'un côté, mutations perpétuelles dans chaque département; politique versatile, soit au dedans, soit au dehors; nul plan d'opérations qui tende au bonheur public.

Nulle sûreté personnelle contre les abus de l’autorité.

Nulle sûreté personnelle contre la prévarication des Magistrats.

1. Sans un horrible brigandage, comment un petit commis à cent pistoles lors de son entrée dans un bureau de la guerre, de la marine, ou des finances, etc., se ferait-il, dans l’espace de douze à quinze ans, quarante, cinquante, soixante mille livres de rente, en vendant aux fournisseurs la préférence, c'est-à-dire Le privilège de voler l'État? (Note de Marat)