Les serviteurs de la démocratie
EDGAR QUINET 259
sèrent avec dédain etindignation le soi-disant pardon que leur offrait l'empire victorieux. On connaît la sublime réponse de Victor Hugo : J'accepte l'âpre exil, n’eüt-il ni fin ni terme, Sans chercher à savoir et sans considérer Si plus d'un a plié qu'on aurait cru plus ferme, Et si plusieurs s'en vont qui devraient demeurer ; Si l'on n'est plus que mille, eh bien j'en suis ; si même Ils ne sont plus que cent, je brave encore Sylla ; S'ilen demeure dix, je serai le dixième, Et s'il n’en reste qu'un, je serai celui-là ! Il en resta plus d’un, et Edgar Quinet fut parmi ceux qui restèrent.
« Ce n’est pas au crime, écrivait-il à un de nos amis, d’amnistier le devoir! » Belle et noble parole bien digne de la grande âme d'Edgar Quinet.
L’illustre philosophe républicain ne revint en France qu'après la chute de l'empire et les désastres de l’invasion. Il s’enferma dans Paris assiégé et tint à honneur, lui qui était un vieillard, de participer à toutes les souffrances du siège. Plus tard il parlait avec une éloquence pénétrante des semaines douloureuses passées à Paris. « Les cinq mois du siège, disait-il, resteront dans la mémoire des hommes comme les plus beaux de notre histoire. Que ne doit-on pas attendre d’un peuple qui a offertau monde civilisé un pareil exemple? La nation qui l’a donné est immortelle entre toutes. Elle ne périra pas. Heureux les jours où nous mangions notre pain noir mêlé de paille; où les obus pleuvaient sur nos toits ! »
Un de ces obus s’était abaitu sur [a maison qu'habitait Edgar Quinet et avait détruit son cabinet de travail. Appelé par les Parisiens à faire partie de l’Assemblée nationale, ce patriote vota contre les préliminaires