Louis XVI et la Révolution
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254 LOUIS XVI ET LA RÉVOLUTION.
pourra élever un théâtre public, et y faire représenter des pièces de tous les genres. » Ce simple vote allait transformer la production dramatique.
La meilleure pièce du théâtre révolutionnaire, ou la moins mauvaise, comme l’on voudra, est évidemment le Charles IX de M.-J. Chénier. Ce drame fut un des coups les plus retentissants portés au prestige de la royauté. On connait la genèse légendaire de cette pièce : on avait joué à Fontainebleau Azémire : « J'avais alors vingt et un ans, écrit Chénier, et, comme il faut encourager les jeunes gens, la pièce fut sifflée d’un bout à l’autre... Les huées surtout furent très longues quand on en vint à ces vers :
Que diront les Français? que dira ton vieux père? etc.
Quelques personnes avaient entendu : « Que dira Dieu le père? » Le signal du tumulte était venu peut-être du roi luimême : « À la fin du quatrième acte, dit Hézecques, un siffle-
ment aussi aigu que prolongé partit du haut de la salle. C'était,
je l’ai dit, chose inouïe aux spectacles de la cour. Ce manque de respect, la position de la loge grillée où se plaçait le roi, tout persuada que ce monarque avait pu lui seul pousser cette note malheureuse, qui perça sûrement le tympan de M. Chénier, fit éclore sa monstrueuse tragédie de Charles IX et le rendit l’ennemi irréconciliable des rois. » Si cette anecdote est vraie, Louis XVI dut regretter son coup de sifflet et sa collaboration involontaire au drame de Chénier, Mais le poète ne semble pas avoir rendu le roi responsable de son insuceès. Dans une lettre aux districts, publiée par les Révolutions de Paris, il juge ainsi son Charles IX : « C’est l'ouvrage d’un homme libre. Il n'est fait ni pour des esclaves, ni pour des courtisans; il est fait pour une nation qui a conquis sa liberté, pour une nation Sgouvernée par un roi juste, confiant, généreux, digne d'elle, et qu'elle chérira toujours, par la même raison qu’elle détestera