Marat inconnu : l' homme privé, le médecin, le savant : d'après des documents nouveaux et inédits

MARAT INCONNU 210

En 1889, sur notre demande, M. Théophile Dufour, le sympathique bibliothécaire suisse, voulut bien interroger M. Jean-Paul Mara. Sa vue était déjà très affaiblie au point qu'il avait renoncé entièrement à lire et à écrire. Il confessait même qu'il ne répondait pas pour ce motif, ou pour tout autre qu'il n’avouait pas, aux questions plus ou moins indiscrètes qu'on lui adressait sur son compromettant parent.

Bien que sa mémoire fût encore bonne, il savait peu de chose sur la vie de son grand oncle. Il avait plutôt gardé le souvenir de sa tante Albertine, à qui son père avait rendu visite vers 1835. C'est, du reste, au père de M. J.-Paul Mara qu'elle avait légué le diplôme de docteur, la bague et des cheveux de Marat; et, en plus, un manuscrit autographe, tous objets que M. Mara possède encore sans doute, à l'exception du manuscrit.

Ce manuscrit, rempli de ratures et de corrections, lui fut dérobé, et après être passé par les mains d'un éditeur parisien (1), devint beaucoup plus tard la propriété d’un amateur bordelais (2).

M. Jean-Paul Mara n'a eu que des filles. Deses deux frères consanguins l’un est mort en 1878,

(1) M. Bachelin-Deflorenne (d'après une lettre à nous adressée par M. Th. Dufour, à qui nous empruntons la plupart des détails ici consignés).

(2) Ce manuscrit était l'Zloge de Montesquieu, publié par M. de Bresetz à Bordeaux en 1883,