Marat inconnu : l' homme privé, le médecin, le savant : d'après des documents nouveaux et inédits

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s’est attaquée, et depuis six semaines environ, il crache le pus en abondance.

Il s’est mis, à son arrivée ici, entre les mains de M. Borie; ce médecin jugeant le malade dars un état fort dangereux, a appelé le 12 de ce mois pour conseillers MM. Bouvard, Malhouet, Giundens et Sigaud. J'ai assisté à la consultation et j'ai eu le désespoir de voir mon malheureux enfant condamné unanimement par les cinq docteurs; le lait qu'ils prescrirent au malade me donna quelques heures d'espérance, mais M. Borie qui le suit assidûment m'ayant assuré hier de la manière la plus positive que le poumon était on ne peut [plus] profondément ulcéré, et qu'il regardait sa cure comme physiquement impossible, je veux me tourner, monsieur, vers le médecin des incurables, Mme la marquise de Laubespine était condamnée, il y a quatre ans, lorsque vous eûtes la gloire de la guérir. La santé dont elle jouit encore à présent me laisse tout à espérer de vos lumières si vous voulez les consacrer à la guérison de mon fils. Je Yous envoie un carrosse, je vous supplie de venir le voir, c’est en vous seul qu’un père malheureux met toute son espérance, Je ne vous parle pas de ma reconnaissance et de tous les sentiments d’estime que je vous ai voués.

(Signé) Goux. Nu

Letire de M. du Clusel, intendant de Tours, à M. le Marquis de Choiseul, qui l'avait engagè à consulter M. Marat pour une demoiselle dangereusement malade.

Je vous dois, monsieur, la connaissance d’un homme bien lumineux et qui a le coup d'œil bien prompt; ila aperçu dans un moment ce que toute la Faculté réunie n’a trouvé qu'après bien des observations. Il est fâcheux pour l'humanité qu'il se livre aussi peu; plus il est économe de ses connaissances, plus je vous dois, monsieur, de m'avoir mis à portée d'en profiter, Mon premier