Marie-Antoinette, Fersen et Barnave : leur correspondance

94 MARIE-ANTOINETTE

Ce 18 juillet.

€ Je vous renvoie ce papier dans l’idée qu’on pourrait en avoir besoin. J'y trouve d'excellentes choses, mais il y en à aussi que je dois combattre, d’autres sur lesquelles je dois m'expliquer.

» Par le plan proposé les gardes du corps sont absolument mises de côté. Jamais le Roi ne consentirait à cela. Son honneur, sa gloire, et j'ose dire sa sûreté personnelle et celle de sa famille, s’y opposent. Je conçois très bien que si longtemps qu'il est à Paris, ou sous le joug de Paris, il ne les fasse pas revenir, mais du moment qu'un autre ordre de choses va s'établir, il ne pourra consentir à en être séparé. Qu'on n’en reprenne d’abord que le nombre qu'il faut pour suivre sa voiture et se trouver aux portes de nos appartements, jy consens, c’est peut-être plus sage, puisque cela retirera au public toute inquiétude, mais il faut se rappeler que le Roi ne peut s'éloigner de Paris qu'avec ses gardes du corps, les mêmes individus, le même nom et le même uniforme. Il attendra tant que cela sera nécessaire, mais jamais il ne cédera sur le point de s’en défaire. Il se le doit à-luimème, il le doit au sang de tant de braves gens qui a coulé pour lui; ces gens n’ont cherché qu’à sauver sa vie, celle de sa femme et de son fils; ils ne se sont pas même défendus parce qu’on leur avait dit : «Ne tirez pas! » Toute cette révolution n'étant qu’une suite