Marie-Antoinette, Fersen et Barnave : leur correspondance

FERSEN ET BARNAVE 127

» Voilà tout ce qu'aperçoivent tous ceux qui, ne mêlant aux intérêts publics aucun intérêt particulier, cherchent dans la constitution ce que sont la nation et le Roi et n’y cherchent pas autre chose.

» La Constitution est très monarchique, nous l'avons dit. Les quelques détails qui manquent au gouvernement peuvent être ajoutés par les législatures, la constitution le prévoit et leur en laisse la faculté; l'expérience les y conduira bientôt. Quant aux articles constitutifs qui peuvent être attaqués, un seul est contre le Roi, deux sont contre la liberté et rendent au pouvoir beaucoup plus que le premier ne leur enlève.

» De cet ensemble il résulte qu'aucun prince de l'Europe n’est aussi solidement assis sur son trône que le sera le roi de France quand l'opinion fera pour lui autant que la constitution. Tous les maux sont finis, si le Roi et la Reine obtiennent la confiance et se font aimer.

» Cette lettre est déjà trop longue pour nous permettre d'entrer dans de plus longs développements. Voici pourtant quelques points. Nous ne donnerons à la Reine que la substance des choses, parce qu'il est nécessaire qu’elle les médite; les détails lui seront présentés par M. de Montmorin ainsi que nous les avons concertés.

»y Quand la constitution sera annoncée au Roi, qui sera prié en termes généraux de choisir sa garde