Mémoire sur la Bastille

150 NOTES

moyen de le sauver étoit un pouvoir de moi pour s'opposer à ces opérations dévorantes. Dans ce lieu où l’on ne montre rien, on me montra la lettre, on me laissa bien m’abreuver du fiel qu’elle devoit porter dans mon âme et l’on me présenta le notaire pour consolateur.

Il fallut bien obéir à ce que je croyois nécessaire. Je voulois restreindre au moins la procuration que l’on m’arrachoit ainsi : on employa la violence pour m’obliger à la signer générale,

En arrivant à Bruxelles, j’ai trouvé que la lettre du sieur La Greze étoit fausse dans toutes ses parties. On n’avoit rien confisqué ; au contraire, le pillage n'étoit venu que de ses complices et de leurs représentans. On avoit gémi à Bruxelles en voyant ma procuration; et, quoiqu’on ignorât de quels artifices elle étoit le fruit, on n’y avoit heureusement déféré que sur les articles les moins essentiels pour moi, l’argent et les papiers dont l’abandon n’avoit rien d’inquiétant. 10. P. 16. D'un exempt de la police de Paris. — Pour ajouter à ce tableau de trahisons et de lâchetés, il est bon d’observer que cet exempt est un de ceux que j’avois, dans ma courte et orageuse carrière du barreau, arraché à une persécution injuste, mais acharnée : c’est le trop, fameux Desbrugnières. On l’avoit choisi, ou bien il s’étoit offert, non pas pour me servir, mais parce que les obligations qu’il m’avoit étoient connues; et lui s'étant toujours paré des dehors de la reconnoissance, il étoit plus propre qu’un autre à surprendre la crédulité des personnes dont on redoutoit les lumières et l'attachement pour moi.

11. P. 16. D’un substitut que je nommerai ailleurs. Ce substitut n’étoit autre que le sieur Le Quesne. Voyez les détails de cette inconcevable trahison dans l’Avis aux Souscripteurs qui précède le n° LXXII des Annales.

12. P. 17. Du sous-ministre. — Le sieur La Greze s’est fait payer par Le Quesne près de 500 livres t. à ma charge, pour ses démarches. Ce dernier, en me portant la