Mémoire sur la Bastille

NOTES 191

somme en compte, m'a dit qu’il avoit payé par des ordres supérieurs,

13. P. 17. Elle a réussi. — On se rappellera peut-être que l’objet en étoit de transmettre aux distances les plus éloignées des nouvelles, de quelque espèce qu’elles fussent, de quelque longueur que fussent les avis, avec une rapidité presque égale à celle de l'imagination.

La seule objection fondée que l’on m'ait faite, c'est que les brouillards et la neige interromproient cette poste aérienne. Je l’avoue; mais la neige ne dure que quelques heures dans l’année, les brouillards que quelques jours, au moins dans le continent; des rivières débordées, des ponts rompus, une chute de cheval, peuvent également retarder, intercepter pendant quelques momens les communications ordinaires.

Je consignerai un jour ici mes idées à ce sujet. L'invention est certainement susceptible encore d’être perfectionnée, et je ne doute pas qu’elle ne le soit. Je suis persuadé qu’elle deviendra, avec le temps, le plus utile instrument du commerce et de toutes les relations de ce genre, comme l’électricité sera l’agent le plus efficace de la médecine, comme la pompe à feu sera le principe de tous les mécanismes qui exigent ou doivent donner de grandes forces.

14. P. 18. Les droits ordinaires de citoyen. — Pourvu! Je suis obligé d’insister sur cette restriction. On s’est déjà permis de publier que j'avois indistinctement promis de ne plus écrire; que cette condition avoit été le prix de ma liberté. Cela n'est pas vrai. Ce qui est vrai, c’est que de moi-même, épuisé de cette lutte perpétuelle, de ce combat inégal où il falloit choquer sans cesse, sans autres armes que la raison et la justice, des ennemis armés du pouvoir et de l'intrigue, je n’aspirois plus qu’à une paisible obscurité. Encore une fois, quoique je fusse bien éloigné de m'’attendre à voir deux ans de Bastille remplacés par un exil sans terme, j’aurois été attendre patiemment à Réthel la fin de ce nouveau caprice; j’aurois travaillé de bonne foi à me taire, ou du moins à me laisser oublier, si cette indifférence