Mémoire sur la Bastille

156 NOTES

une scène où il ne fait pas une bien honorable figure, mais, encore une fois, ce n’est pas ma faute. Pour me résoudre à un silence éternel, il n’auroit eu besoin d’être généreux qu’un moment,

22. P. 62. Les privilèges du peuple. — En citant la tour de Londres à l’occasion de la Bastille, je commettrois une réticence injuste et même criminelle si je n’observois que ces deux séjours ont entre eux bien plus de différences réelles que de ressemblances apparentes. Les commandans de la tour, la garnison qui exécute leurs ordres, sont soumis à l'inspection du Parlement, comme les autres sujets de PÉtat. Un prisonnier maltraité par eux a mille moyens de faire parvenir ses plaintes aux supérieurs qui peuvent y faire droit et aux amis, aux parens intéressés à les faire valoir. Ce prisonnier est sûür qu’on lui fera son procès, et publiquement; il a des conseils, des avocats; tout ce qu’il doit éclaircir ou détruire lui est communiqué dans le plus grand détail, L’accusation de crime d’État n’influe que sur le dépôt auquel est confié l’accusé: elle ne change absolument rien à la forme de la procédure qui doit décider de son sort. Enfin, dans les délais mêmes et la sévérité qu’elle comporte, il n’y a jamais Pombre d'incertitude, non seulement sur son existence, mais même sur l’état de sa santé, ni sur le lieu où il est détenu. Est-ce là la Bastille?

23. P. 63. Ou se pratique aujourd’hui dans le monde, — Peut-être quelques censeurs pointilleux ou quelques membres de l’administration m’accuseroient-ils ici d’user d'hyperbole; peut-être prétendroient-ils qu’il n’y a pas de pays où l’on ne trouvât, quant au fond, l’équivalent de la Bastille, et, quant à la forme, des usages ou des abus encore plus horribles; ils essayeroient, par ce parallèle, de justifier au moins indirectement l’abominable régime que je dénonce ici à toutes les âmes honnêtes et que les plus déterminés partisans du despotisme n’oseroient songer à excuser que par de semblables subterfuges.

Otons-leur encore cette ressource, Je suis convenu que dans presque tous les pays le bien public paroissoit quel-