Mémoire sur la Bastille

192 MÉMOIRES SUR LA BASTILLE

Nous arrêtèmes unanimement que les districts seroient convoqués, seroient armés ; et ce fut alors que nous nous rappelâmes la motion faite au Musée par le jeune de Bonneviller.

Il n’y avoit plus à reculer après cet acte vigoureux; nous le savions tous, et nous étions résignés.

Comme les choses et les hommes changèrent subitement d'aspect! comme de paisibles citoyens, sans projets, sans intrigue, et soumis à l’ancien joug, furent emportés, à leur insu, dans le tourbillon des discordes civiles !

On redoutoit la nuit; mais elle fut assez calme.

1. M. Carra, non moins décidé que ce jeune homme, nous avoit déjà, en mai 1789, ouvert le mème avis à l’archevêché; et l’on peut affirmer que personne n'a mieux que lui pressenti, dès lorigine, les suites de cette révolution, dont il peut dire : Et quorum pars magna fui. (Dusaulx.) — Jean-Louis Carra (1743-31 oct. 1793) était alors employé à la Bibliothèque royale, et électeur du district des Filles-Saint-Thomas. Il publia en 1789 les Annales patriotiques, prit part à la fondation de la Commune du 10 août 1792, représenta le département de Saône-et-Loire à la Convention, fut proscrit le 31 mai et exécuté avec les Girondins.

Quant à la motion de Bonneville, elle est du 25 juin, comme l’atteste le procès-verbal.