Mémoire sur la Bastille

194 MÉMOIRES SUR LA BASTILLE

et nous compromit à plusieurs reprises. On nous demandoit ce qu’étoient devenus d’anciens canons et d’autres armes; nous avions beau répondre que yraisemblablement les uns avoient été fondus, les autres réformés, le peuple ne se payoit point de ces présomptions.

A neuf heures du matin, la multitude, qui s’exaltoit de plus en plus, s’empara du dépôt des armes des gardes de la Ville, et se distribua trois cent soixante fusils. Elle enlève ensuite le drapeau de la Ville, malgré M. Le Grand de Saint-René!, qui tenoit le bureau. Cet intrépide électeur, quoique infirme, poursuivit lui seul le drapeau jusqu’au milieu de la place, et s’y prit si bien que les ravisseurs le rapportèrent volontairement où ils l’avoient saisi.

A dix heures on sonne le tocsin, tant à l'Hôtel de ville que dans toutes les églises. Des tambours, dans les différens quartiers, appeloient les citoyens. On se rassemble sur les places, dans les jardins; on s'y forme en troupes qui bientôt prirent des noms: les unes furent appelées volontaires du Palais-

sans mot dire et les lui remit, en séance, le 14 juillet, pendant que se poursuivait la prise de la Bastille. Le procès-verbal des électeurs mentionne ce fait, le dernier acte du prévôt des marchands avant sa mort tragique.

1. Avocat, électeur du district de Saint-Victor et commissaire au Cahier de ce district, membre du Comité permanent du 13 juillet,