Mémoires du général Baron Roch Godart (1792-1815)

APPENDICE XXXV

menace tôt ou tard. Si l’on vous ménage encore, c’est qu’on vous craint; mais vos dangers sont les mêmes, vous êtes tous proscrits. Si vous tardez plus longtemps, la honte et l’infamie seront votre partage, vos noms ne rappelleront plus ces époques glorieuses de vos triomphes, on ne les prodiguera plus qu'aux Lacnes et aux EsCLAvESs.

Sire,

En 1792, j'ai eu l'honneur de connaître Votre Majesté, lorsque vous étiez général de brigade. Vous voulütes bien me confier vos craintes sur les mauvaises intentions que le Comité de Salut public se proposait à votre égard. J’en ai compris toute l'étendue. Vos regrets étaient de quitter votre patrie à laquelle vous étiez tout dévoué. Vos craintes se sont réalisées peu de temps après. Je n’ai pu voussuivre que de mémoire et de cœur. Je vous vois aujourd'hui élevé au poste qui vous était dû par votre rang et votre naissance. Je m’applaudis, ainsi que tous les bons Français, de vous posséder pour notre Roi citoyen. Nous sommes assurés que la France reprendra le rang qu’elle n'aurait jamais dû perdre. Vous pouvez compter sur notre dévouement sans borne. Nous verserons notre sang pour soutenir la cause que vous avez embrassée,

Je suis un des premiers généraux qui ont été mis à la retraite. Mes couleurs ne convenaient pas au gouvernement déchu. A votre avènement au trône, je me suis empressé de me rendre à Paris pour offrir mes services. J'ai adressé ma réclamation à M. le Ministre de la guerre. Je lui demande le commandement d’une place de première ligne, ou d’être honoré du titre de général de division