Mémoires politiques et militaires du général Doppet, contenant des notices intéreffantes and impartiales sur la révolution française, etc.

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contraire que des ex- privilégiés, des valets de cour, & les mêmes individus qui en Savoie s’étaient déclarés contfe notre réunion à la France; au lieu que, dans l'opinion dite la montagne , je voyais la grande majorité des habitans, les repréientans du peuple en miffion parmi nous, les foldats de l’armée, & fur-tout les décrets de la convention nationale,

$. 66. Je tenais, non-feulement par raïfon & par phiofophie, aux principes de la démocratie, mais jy tenais encore par l'intérêt que je prenais à ma patrie. Je craignais que , de relàchemens en relâchemens politiques, on ne menât la France à une ariftocratie ; je craignais que cette ariftocratie ne rappellât la monarchie, & alors à coup für le Mont-Blanc redevenait Savoie ; parce que , de rois à rois , la politefle diplomatique aurait officieufement rétabli les anciennes limites.

Cette crainte était d'autant moins éhimérique de ma part, que Je favais pofitivement que des perfonnes, dont les talens & l’influence n'étaient pas à dédaigner, s'étaient toujours oppofées à la réunion de la Savoie. ( Voyez les paragraphes 54 & 55.) Je fuis bien éloigné de faire à tous les oppofans un crime de leur opinion à ce fujet ; car on eft toujours libre de débattre une queftion jufqu’à ce qu’elle foit jugée par le peu ple ou fes repréfentans. Si je fais quelques citations, . c’eft feulement pour prouver que jen’invente rien.

Voici une lettre que m’adrefla le général Montefquiou pendant que nous étions réunis en af femblée nationale à Chambéry.