Mémoires politiques et militaires du général Doppet, contenant des notices intéreffantes and impartiales sur la révolution française, etc.
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8 ce fut lui qui me permit d’imprimér le traité dont je viens de parler. Mais ce qui paraîtra fans doute fort étonnant , c’eft qu’en 1784, à Turin, & fous les yeux du roi Sarde , je dédiat a ma patrie cet ouvrage que je devais préfenter au roi, & que je m’y fignai cioyerz de Cham béry. Si j’eufle été courtifan ou ambitieux, j’euffe pu adopter un objet de dédicace plus lucratif, & me fervir d’une fignature plus humble & plus refpeétueufe. Je ne penfais pas encore, il eft vrai, à la révolution de 1789; mais je fentais déjà ma dignité d'homme, & je ne fus jamais rampant,
$- 6. Je pafle rapidement fur ma vie privée & iur mes événemens antérieurs à la révolution françaife, parce ‘qu’il y a peu, ou point, de conjeétures à en tirer pour me juger comme fosétionnaire public. Cependant je dois faire un aveu de tous les écrits qui font fortis de ma plume. En y montrant mon ame & mon cœur à découvert, on y trouvera plus de moyens de m'analyfer dans toutes les fottifes qu'on aura pu débiter contre moi. 1
C’eft en effet dans les produétions littéraires d’un écrivain, qu’il eft bien facile, en les analyfant toutes. de diftinguer fes goûts , fes pens fées, & fon caraëtere en général. Je peux avoir écrit bien des chofes inutiles; mais je n’ai jamais rien publié de fiux ni de méchant. Mes productions littéraires n’alarmerent jamais les mœurs ni la probité. Ce qu'il y a fur-tout de bien marquant & de bien poftif, c’eft que je n’eus jamais, en imprimant, la perfpeétive fordide