Mémoires politiques et militaires du général Doppet, contenant des notices intéreffantes and impartiales sur la révolution française, etc.

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« Je ne veux plus aller refpirer Pair natal. Le defir de venger la république , l'efpoir de chafler l'ennemi de notre territoire , fuffifent pour hâter ma convalefcence , & me rendre toutes mes forces. Tout s’organife, la confiance renaît, les vainqueurs de Toulon arrivent, & la vengeance nationale, pour avoir été plus

lente ici, n’en fera que plus terrible. » Signé, le général en chef DOPPET. »

S. 147. Quoïque commençant à pouvoir écrire, je ne pouvais pas encore quitter le lit : je me diftraifais par la leéture; mais la nonoccupation me laiffait encore, malgré l'invention des diftraétions, beaucoup de tems à donner aux réflexions. Ce fut dans le commencement de ma convalefcence qu'il me vint dans lidée de faire & publier l'inventaire de tout ce que je pouvais pofléder ; il me fembla que dans une république les fonétionnaires devaient à leur honneur, & à la confervation du tréfor public, un expofé véridique de leur fortune ; il me parut que, pour rendre ce tableau de fortune exaét & utile, il fallait que ces fonétionnaires déclaraffent dans l'inventaire ce qu'ils avaient avant d'entrer en fonétions.

Je fuivis, je l'avoue, une marche encore plus étendue dans ma reddition de comptes; car je fis imprimer l'inventaire de ce que je poflédais avant la révolution, de ce que j'avais étant général, & de ce que je pofléderais toute ma vie. On voit que je renonçais aux accidens des loteries, des trouvailles, des cadeaux, des tours

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