Mémoires politiques et militaires du général Doppet, contenant des notices intéreffantes and impartiales sur la révolution française, etc.

[ 41] la convention nationale. Je fefais un fermon cis vique à mes camarades, & dans ces fermois je prêchais toujours l’obéiffance aux lois, & l'amour de la république.

&. 63. Quoique mon zele & mes foins fuflent couronnés d’heureux fuccès dans la tenue & l’organifation de la légion, je ne dois pourtant pas diffimuler la difficulté de cette tâche. Ce corps, compofé de plufeurs nations, avait auffi beaucoup de déferteurs étrangers : ainfi la furveillance devait être pénible, & la police difficile, Cependant il y a dans le militaire un art de fe faire aimer en fe fefant obéir ; il y a une façon d’être chef 8 camarade, d’être officier & foïdat ; & c’eft particuliérement au moment du combat qu’un officier qui poflede ces qualités , en recueille le fruit.

Voici un fait qui va démontrer que , depuis que j'étais officier fupérieur, je ne m'étais pas fait connaître par une conduite aveugle ni déforganifatrice. Il s’agiflait d'un bataillon qui, difait- on, était en infurreétion dans la Maurienne. J'étais en garnifon dans la Tarentaife , lun des diftriéts du Mont-Blanc, lorfque j'y reçus, le 6 mai 1793 , l’ordre fuivant des repréfentans du peuple qui fe trouvaient à Chambéry :

« Nous , repréfentans du peuple français, dé» putés par la convention nationale au départe» ment du Mont-Blanc & à l'armée des Alpes, » commettons le citoyen Doppet, lieutenant» colonel de la légion des Allobroges , pour ré-