Mémoires politiques et militaires du général Doppet, contenant des notices intéreffantes and impartiales sur la révolution française, etc.

[ 86 ] du ‘fait en préfence de tout le bataillon, pour qu'on ne crût pas que des vifites particulieres eufent influencé mon jugement. Le bataillon s'étant affemblé le lendemain, voici le difcours que je lui adreffai fur la place d'armes:

« Citoyens. Long-tems outragée par le defpotifme, la nation eut befoin d’en fecouer le joug aviliflant ; une fainte & générale infurrection fut alors aufli jufte que néceffaire ; & le légitime fouverain, qui eft le peuple, dut fouiever contre les ufurpâteurs.

» On: s’arma contre les loix anciennes, parce qu'elles étaient tyranniques; on les a détruites, parce qu'elles étaient injuftes. Mais fi les Français Ont fenti qu’il était honteux pour eux d’être es elclaves du defpotifme, ils ont auffi {ent qu'il était de leur intérêt comme de leur gloire de mettre la loi fur les trônes qu’on venait de renverfer ; ils ont connu que , s’il était honteux d’être les efclaves du vice, il était glorieux de devenir ceux des vertus.

» Chargé par les repréfentans du peuple de prendre connaiffance des agitations affligeantes qui ont lieu parmi vous, je chéris d'autant plus ma miflion , qu’elle m’offre la douce circonftance de me voir entouré d'amis, de freres & de fol. dats patriotes. Je n'ai, pour diffiper tous les nuages, qu'à vous rappeller que vous n'avez quitté vos foyers que pour marcher contre les tyrans, que pour défendre la liberté. Je nai, Peur vous fairé chérir vos droits, qu'à vous