Mémoires sur Naigeon et accessoirement sur Sylvain Maréchal et Dalalande : lu à l'Académie des sciences morales et politiques
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ici en effet un passage, que je pourrais à la rigueur reproduire, mais que j'omets à dessein, d'une part, parce que, si on y tient, on a double indication pour le trouver; de l’autre, parce que dans le cours de ce travail, j'en aurai tant d'aussi peu édifiants à rapporter, qui, malgré mon goût pour l’exactitude textuelle, et peut-être mon devoir, je m’abstiens pour épargner un scandale de plus au lecteur. Je prouverai moins, mais je choquerai moins, et on devinera sans peine, au reste, quel peut être le caractère de ce morceau, dont Voltaire va jusqu'à dire : « Concevez-vous rien de plus violent. » |
La tirade est en effet un peu forte, même au sentiment de Voltaire, qu’elle ne troublait toutefois que médiocrement, et quoiqu'il croie avoir à se plaindre de ce M. Saint-Hyacinthe, qui, dit-il, était un sot dans la conversation, mais qui écrivait bien, il lui pardonne les opinions et les écrits qu Gil lui prête, non sans quelques doutes, il est vrai.
Quant à l’autre production, la Théologie portative , Voltaire écrit : « Y a-til rien de plus plaisant, de plus gai, de plus salé que la plupart des traits qui s'y trouvent. » Or, il faut savoir ce que c'était que cette espèce d’Encyclopédie, en petit, sur les matières théologiques, que vante ici Voltaire : j'en pourrai plus tard parler plus longuement, mais dès à présent je dirai qu’il y a de tout dans cette œuvre, moins ce qui devrait s'y trouver, je veux dire la gravité, le respect, la discussion sérieuse, et que les choses les plus saintes y sont constamment traitées avec une légèreté, une bouffonnerie et parfois un cynisme de langage, qui ne sont pas même dans le ton habituel de Naïgeon; ce qui appuierait la conjecture que j'ai énoncée plus haut, à savoir qu'il n'est,