Mémoires sur Naigeon et accessoirement sur Sylvain Maréchal et Dalalande : lu à l'Académie des sciences morales et politiques
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s'exprime, le sybarite qui, se donnant pour Épicurien tandis qu'il n’est qu'un débauché, ne craint pas de se dire dans son cœur: il n’y a point de Dieu , donc il n’y a point de morale, donc je puis tout me permettre. » … « Le véritable athée n’est pas cet homme d'État qui, sachant que la chimère divine fut imaginée pour en imposer aux hommes-peuple, leur commande au nom de ce Dieu , dont il se moque. . . . . . Le véritable athée n’est pas l’homme vil qui, flétri depuis longues années du caractère indélébile sacerdotal, change d’habit et d'opinion, quand ce métier cesse d'être lucratif , et vient se ranger impudemment parmi les sages qu'il persécutait. » Aux yeux de Syvain Maréchal, le véritable athée n'est rien de tel, eton peut déjà juger par suite de ces exclusions combien il est difficile et délicat dans le choix de son modèle. Aussi ne s’arrête-t-il pas là et dans son rigorisme, si on peut le dire, en matière d’athéisme, il retranche encore de sa petite église, « et cet énergumène, selon ses termes, qui va brisant, dans les carrefours, tous les signes religieux qu'il rencontre, et prèche le culte de la raison à la plèbe, qui n'a que de l'instinct; et ces hommes du monde, ou comme il faut, qui, par ton, dédaignent l'usage de la pensée et vivent à peu près comme le cheval qu'ils montent, ou la femme qu'ils entretiennent ; et l’académicien qui se ménage, et onsent par intérêt à dissimuler son sentiment ; et le savant orgueilleux, qui voudrait qu'il n'y eût que lui d’athée au monde. » Lei l'élimination tourne presque à l’épigramme, et peut-être même, par allusion à la personnalité, et ce qui va suivre me démentira par cette interprétation : « Le véritable athée, jecontinuetoujours à citer, n’estnilephilosophetimoré, qui rougit de son opinion, et qu'on voit hanter les temples,
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