Napoléon Ier et le Roi Louis : d'après les documents conservés aux archives nationales
274 NAPOLÉON A LOUIS.
la reine, et d’autres motifs raisonnés font penser à vos peuples qu’il est encore possible que vous reveniez dans mon système et dans mon esprit ; mais vous seul pouvez confirmer ces espérances et en effacer jasqu’au moindre doute. Il n’est aucune de vos actions que vos gros Hollandais n’évaluent, comme ils évaluent une affaire de crédit et de commerce ; ils savent donc à quoi s’en tenir. Lorsque être ami de la France et le mien sera un titre pour être bien à votre cour, toute la Hollande s’en apercevra, toute la Hollande respirera, toute la Hollande se trouvera dans une situation naturelle; cela dépend de vous seul. Depuis votre retour, vous n’avez rien fait pour cela. Voulezvous savoir quel sera le résultat de votre conduite? Vos sujets se trouvant ballottés entre la France et l'Angleterre, ne sachant à quel espoir se livrer, quels souhaits former, se jetteront dans les bras de la France, et demanderont à grands cris la réunion, comme un refuge contre tant d'incertitude et de bizarrerie. Votre gouvernement veut être paternel, il n’est que faible. Je n’ai trouvé en Brabant et Zélande que l'administration la plus incohérente. En Zélande même, où tout est hollandais, on est content d’être attaché à un grand pays, et de se voir arraché à une fluctuation qui était inconcevable pour ce peuple. Pensez-vous que la lettre que vous avez fait écrire à Mollerus, et l’assurance que vous lui donnez de votre affection au moment où vous le destituez, vous donnera de la considération dans le pays? Détrompez-vous. Tout le monde sait qu'hors de moi il n’y à point de crédit, qu'hors de moi vous n’êtes rien. Si donc l’exemple que vous avez eu sous les yeux à Paris, si la connaissance de mon caractère, qui est de marcher droit à mon but, sans qu'aucune considération puisse m’arrêter, ne vous ont pas changé, ne vous ont pas éclairé, que voulez-vous que j'y fasse? Ayant la navigation de la Meuse et du Rhin jusqu'à l’embouchure de ces fleuves, je puis me passer de la Hollande : la Hollande ne peut se passer de ma protection. Si, soumise à un de mes frères, attendant de moi seul son salut, elle ne trouve pas en lui mon image ; si, quand vous parlez, ce n’est pas moi qui parle, vous détruisez toute confiance dans votre administration ; vous brisez vous-même votre sceptre. Croyez que l’on ne trompe personne. Voulez-vous être dans la voie de la bonne politique? Aimez la France, aimez ma gloire ; c’est l’unique manière de servir le roi de Hollande. Sous un roi, les Hollandais ont perdu les avantages d’un gouvernement libre; vous étiez donc pour eux un