Oeuvres politiques de Fabre d'Églantine
SUR L'AGIOTAGE ET LE CHANGE 131
ces lettres de change en question tous les trois mois, ce qui arrange toujours le tireur; et de la sorte ils rendent ce papier perpétuel sur la place, lässimilent parfaitement aux actions des compagnies financières, et, en définitive, ils agiotent sur ce papier comme sur une action de la Compagnie des Indes.
Lorsque ce papier (c’est-à-dire les lettres de change),
de temps à autre, arrive à son échéance, il est payé par les banquiers de Londres. Il s’agit, en ce cas, de rembourser ces payeurs; alors que fait-on à Paris? Par une manœuvre d’agiotage,ton fait hausser le change pour un ou deux jours, on achète de ce même papier sur Londres ou sur l'étranger, et l’on rembourse avec ce papier le banquier de Londres; si la manœuvre ne réussit pas pour la hausse précaire du change, et qu'il y ait perte, les différences du change dans ce remboursement sont . supportées par Pitt, qui, par un sacrifice de 2 ou 3 millions par mois, vient ainsi à bout de discréditer vos assignats et d'augmenter la valeur de nos denrées et de nos marchandises.
Un exemple vous démontrera mieux l'opération. Le capitaliste Paul a voulu réaliser 1.000 guinées à Londres ; il a acheté du banquier Pierre, de Paris, une lettre de change de 1.000 guinées sur le banquier Jacques à Londres qu'il a payée 420.000 assignats. Cette lettre de change a été acquittée. Pour rembourser le banquier Jacques, de Londres, le banquier Pierre, de Paris, a acheté, à son tour, du papier sur Londres ou sur Amsterdam, avec les 120.000 livres assignats qu'il a eues en main; mais il a attendu le moment où; par une manœuvre d’agiotage, le change a monté d’une manière fallacieuse, de sorte qu'il a eu, je suppose, ,pour