Oeuvres politiques de Fabre d'Églantine
14, OEUVRES POLITIQUES DE FABRE D'ÉGLANTINE
se relâcher, citoyens ; il faut les écraser tout à fait et les disperser sans retour. Vous vous rappelez tous, représentants du peuple,
quelle est cette conspiration de Pitt, et quelles sontses ,
manœuvres pour la mettre à exécution; vous avez été frappés de la concordance qui s'est trouvée entre le tableau qui vous en a été fait et par les secrètes mesures, les ténébreuses missions données par Pitt à ses agents sur le discrédit de l’assignat, sur le renchérissement des denrées, et mentionnées avec tant de perfidie dans le portefeuille anglais.
Vous savez que celte infernale trame consiste, en dernière analyse, en un seul point qui est de créer des
valeurs réelles indépendantes des érénements, sous la
forme de lettres de change sur l'étranger, et principalement sur Londres; de les offrir en France par le minisière des agioteurs aux capitalistes en échange de leurs assignats, et dans la proportion d’un à cinq, et même d’un à six, c'est-à-dire que pour s’assurer 100 louis en or, le capitaliste donne de 12 à 15.000 livres assignats.
Vous savez que c’est par la frayeur, sur la non-valeur de l’assignat, inspirée aux capitalistes par les manœuvres des agioteurs, que ces capitalistes se résolvent à tant de perte, et courent avec empressement effectuer ce troc offert par Pitt, qui le leur vend d'autant plus cher que leurs alarmes sont plus vives.
Ce qu’il faut vous apprendre encore, c'est un autre effet de cette conspiration de Pitt, dont je n'ai pas fait mention dans mon rapport, parce que je l’ignorais, et qui est d’une importance si grande en cette affaire, qu'il n’aidera pas peu à déterminer votre sagesse dans les moyens que vous allez prendre.