Orateurs et tribuns 1789-1794
L'ESPRIT DES ORATEURS DE LA MONTAGNE. 971
enragent et l'on me croit nationalement occupé, tandis que je ne le suis qu'amoureusement de ma très chère Suzanne. » Dans une lettre à ses collègues Arnaud, Jagot et Grégoire, envoyés à Nice il fait de l'esprit sur les hommes et les choses, sur la nature, les Alpes et la municipalité de Chambéry, les évêques assermentés et insermentés, et le bâton de la liberté: « Que je reconnais bien, dans votre nouveau Misanthrope en trois actes, mon Jagot tuant tous les hommes et embrassant toutes les femmes! Adieu, Niçards; chez vous du moins on poignarde avec grâce... » Qu'on sourie au pied de la guillotine, rien de mieux; mais trouver drôle que les autres y montent et plaisanter à ce propos, n'est-ce pas odieux? Fausse gaieté, dira-t-on, inhumanité feinte? Rien malheureusement, dans la vie révolutionnaire d'Hérault, n'indique l'ombre d’un repentir; sa pensée intime reste murée ses actes, ses discours le condamnent. Un jour, Lavater, son ancien ami, lui écrit « qu'un homme comme lui ne peut demeurer plus longtemps le complice de quelques scélérats grossiers, ignorants et stupides ». Hérault assistait à une séance du comité du Salut publie lorsque la lettre lui parvint ; ü la lut, la fit passer à son voisin : « Ces gens-là, dit-il en souriant, ne comprennent pas notre situation. » Le mot peut-il faire l'office de témoin à décharge ?
Du moins ses écrits littéraires nous consoleront un peu de sa misérable politique, Son Voyage à Montbar,